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Alors comme vous le savez sûrement, nous avions été piégés, mon équipage et moi-même à quai en raison de problèmes techniques sur notre navire de pêche. Ah je m’en souviens comme si c’était hier, il y avait une tempête, l’orage grondait à l’horizon. Mais ce jour là, on s’était réunis dans la cale du bateau pour voir ce qu’on pouvait trouver pour rafistoler le moteur principal. Croyez-le ou non, Gaston a été happé par le bas, il allait littéralement disparaître à travers la coque, alors Pierre, Jean et moi-même nous sommes accrochés à lui pour le remonter, mais nous avons tous fini par basculé.
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Voilà ! On n’y comprenait rien. On s’est retrouvé dans une sorte de bateau abandonné, c’était incompréhensible. Si vous voulez, on était toujours dans une cale, mais ce n’était pas celle de notre bateau. Elle était bien plus vaste. Cela dit-en-passant, je me souviens que Pierre ne voyait pas exactement la même chose que nous autres. D’ailleurs, nous voyions tous des détails un peu différents. Comme la couleur des parois, ou même la forme de certains boulons. Mais la pièce semblait être à peu près la même pour tous. D’ailleurs, nous en sommes rapidement sortis afin de remonter sur le ponton. Enfin, c’est ce que nous voulions faire. Les écoutilles et autres sas étaient familiers, j’aurais pu les dessiner moi-même. Mais ce qui sortait vraiment de l’ordinaire, c’était qu’on n’arrivait pas à atteindre la surface. Peu importe l’escalier ou la voie qu’on prenait, on arrivait toujours à un étage supérieur. D’ailleurs, aucun d’eux n’étaient marqués. Il nous était impossible de revenir sur nos pas ou de savoir où nous nous trouvions.
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Ah oui, les étages. Je vous le dis, c’était un labyrinthe sans aucun repère. Ajouté à cela quelques incompréhensions sur ce que certains voyaient et d’autres non, on commençait à devenir fou là-dedans, et on avait sacrément chaud et soif ! Et c’est alors que ce numéro apparu. Une chambre de marin de l’un des étages avait enfin un numéro sur sa porte, le 1042. Je dois vous dire qu’on n’était pas pour autant rassuré de tomber là-dessus. On grimpait et passait à travers des écoutilles à la recherche de quelque chose depuis des heures. Mais de tomber sur cette porte avec ce numéro au milieu d’un étage n’en possédant aucun autre, on n’était pas tranquille du tout.
- Capitaine ! C’est une vraie tempête là-dehors !
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Au final, on a décidé d’entrer, et on a tous été éblouis sur le coup. Quand on a retrouvé à peu près la vue, on n’était clairement plus sur un bateau. On aurait dit des bureaux ou… un laboratoire ? Ouai ça ressemblait plus à un laboratoire. Mais on n’a pas trop eu le temps de regarder autour de nous, qu’un truc est apparu devant nous, dans un coin de la pièce qui était plongé dans l’obscurité. Deux yeux rouge brillant étaient discernables, et quand ce truc s’est montré à la lumière, quelle horreur ! C’était un vrai monstre. On n’avait jamais vu ça ! On a crié et tenté d’attraper tout ce qu’on pouvait à porter de main, jusqu’à ce que…
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Je vous avais dit que c’était un jour de tempête ce jour-là. Ne me demandez pas comment ni pourquoi, mais tous les murs autour de nous se sont mis à se fissurer, de l’eau commençait à gicler des parois, et c’était de l’eau salé ! Ça pissait de partout, et nous, on était concentré sur la créature devant nous. On a alors compris que l’eau, ou l’eau de mer, l’avait piégé de son côté de la salle. En quelques instants, l’eau était montée jusqu’aux genoux, et dans la panique on a cessé de regarder dans la direction de la bête. Elle a d’ailleurs disparu. Mais impossible de rebrousser chemin, la porte de la salle ne s’ouvrait pas de l’intérieur et l’eau continuait à monter.
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C’est un blackout. Je ne me souviens que de m’être réveillé dans la cale de notre bateau, trempé, à côté de mes amis. La trappe de la cale était grande ouverte et on se faisait rincer par l’eau de pluie et les vagues explosives de la tempête à quai.
Aucun membre de mon équipage ne resta coincé là-bas. Nous sommes persuadés que la mer venait de nous sauver. Depuis ce jour, nous voguons sur les mers sans jamais ne mettre un pied sur la terre ferme. Je ne sais pas si c’est le seul moyen d’en réchapper, mais cela fait un moment que nous vivons en paix. Même si elle a faillit nous tuer, cette inondation nous a aussi sauvé. Quel comble cela aurait-il été de mourir noyer pour un marin ! »
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« Rappelez-moi votre nom, ce n’est pas tous les jours qu’on a de la visite, et qui plus est du gouvernement. »
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Tempête
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