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Backrooms - John Shepard

Une expérience étrange

Premier contact. Témoignage auprès de l'État-Major.

« Mon nom est J. […].
Où y suis-je entré ? Je me souviens avoir pris un ascenseur pour me rendre au parking -1 du […] . Et même s’il y eut de légères perturbations électriques au niveau des ampoules de la cabine d'ascenceur, comment aurais-je pu penser que ma descente m’emmènerait dans un endroit qui n’était ni un parking, ni un souterrain. Était-ce un souterrain ? Je n’ai pu voir ni extérieur, ni étage supérieur là où je me suis retrouvé. Comment savoir si j’étais à un niveau quelconque du bâtiment ?

En sortant de l’ascenseur, je n’ai d’abord pas pris conscience qu’il ne s’agissait pas d’un souterrain de parking. Les murs, les places de parking, tout semblait être là, à l’exception de voitures. Il y avait même des numéros sur le sol, et je cherchais justement le mien grâce à cela. Je cherchais la place 1024. Je me souviens des 2 premiers nombres que je vis à la sortie tant ils m’avaient étonné : 1420 et 4210.
Quand je me suis enfin rendu compte que quelque chose clochait, qu’il n’y avait ni véhicule, ni âme qui vive et que ma place n’apparaissait pas autour des places numérotées en 1000, je me retournais pour voir d’où je venais.
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à paniquer, à savoir que je n’étais pas où je pensais être, et que je n’avais aucun moyen de rentrer. Car dans la direction opposée, le parking vide s’étalait sur des centaines de mètres comme s’il n’y avait rien eu qui puisse me ramener en arrière.

De panique, je me suis mis à courir en sens inverse, tentant de retrouver les nombres de places que j’avais vu plutôt en sortant de l’ascenseur, le 1420 et le 4210. Mais tandis que j’étais certain de me rapprocher, les ampoules se mirent à clignoter de toutes parts, et des pans entiers de cet endroit plongèrent dans l’obscurité. Tandis que je pensais bientôt y arriver, un bruit étrange et stressant résonnait dans la pénombre qui grandissait au loin face à moi.


Écouter



Je ne savais plus quoi faire. Mon rythme cardiaque accélérait, et essoufflé, je pris mon courage à deux mains et tentais d’arriver jusqu’à la seule destination qui aurait dû me ramener au point de départ. Il ne restait plus que quelques pas... En fin de compte, voyant à mes pieds les nombres 1402 et 4102, je fus soulagé un instant, puis terrifié une seconde après en me rappelant que ces chiffres n’étaient pas dans le bon ordre.

L’obscurité m'entoura…

L’obscurité m’ensevelit. Je ne voyais plus rien, je n’entendais plus rien, j’étais tétanisé, debout, dans un noir total. Je serrais les dents et priait pour que rien n’apparaisse, pour que rien ne touche le bout de mes membres et que tout cela s’arrête comme l'on se réveillerait d’un cauchemar. Je fermais les yeux, car même si je n’y voyais rien, je craignais que quelque chose apparaisse, que je puisse distinguer l’origine de ce bruit abominable.
Puis…

[…]

En un instant, mon corps traversa le sol comme si ce n'était qu'une fine couche d'eau et je me retrouvais un niveau plus bas. Comment décrire cela, ce n'était plus un parking, mais simplement un espace vide, des couloirs dans toutes les directions, du bleu sur un sol lisse et sans imperfection. D’étranges sphères encastrées dans les nombreux piliers autour de moi semblaient soutenir cet espace étrange et pesant. J’ai passé quelques instants à me demander s’il était raisonnable de s’éloigner du seul endroit qui semblait être le plus près de mon arrivée. En y pensant, même si le décor avait changé, je n’avais quant à moi, pensais-je, pas ou peu bouger. Mais mes sens étaient ébranlés par cet environnement indescriptible et immaculé. Je pivotais sur place pour observer chaque direction et j’aperçu cet étrange phénomène où des halos de lumière éclairaient l'endroit sans qu'aucun luminaire au plafond ne soit présent. Rien ne pouvait justifier que je me trouvais dans une structure créée par l’homme. Pas même une vis, un morceau de plâtre, une fissure ou un joint au sol ne me rapprocherait de ce que j’aurais pu reconnaître.

Il n’y avait rien à faire, et puisque je n’étais clairement pas endormi, il n’était pas bon que je reste immobile de la sorte, sans nourriture et sans eau. Sur moi, je n’avais guère que mon téléphone, déconnecté du réseau et dont la batterie, ma foi, était peut-être la chose la plus précieuse qui me restait alors, me permettant d'enregistrer ce que je pensais être important. Je ne pouvais ni marquer mon passage, ni ne suis-je arrivé à abîmer ces étranges sphères d’un alliage qui n’avait ni chaleur ni odeur.

[…]
Caché derrière un pilier, j’observais la scène et entendis un bruit sourd, telle une respiration profonde. Le son était bien trop profond pour qu’il ne s’agisse que d’un homme, et puisque je n’avais rien croisé d’ordinaire jusqu’ici, je préférai rester cacher jusqu’à en avoir le cœur net.
C’est alors que…


Regarder


[…]
Je ne saurais dire combien de temps je fus immobile, persuadé que mon heure allait arriver au détour du pilier si j’osais ne serait-ce que bouger d’un centimètre. Mais il ne se passa rien. Rien n’arriva et les bruits ne revinrent pas devant ce nombre 1024.
Je m’approchais doucement vers ce repère jusqu’à ce que, au fin fond du couloir que j’empruntais, des halos lumineux violets apparurent. […]
En avançant doucement le long de ce couloir plongé dans une lumière de moins en moins vive et de plus en plus glauque, j’aperçu des motifs sur le sol, des traces mêmes. Était-ce là du… non, je ne voulais pas y penser.
Relevant les yeux face à la profondeur du couloir, j’aperçus un nombre lumineux, c'était un 1042, éblouissant ce qui semblait être une salle… ou bien… la sortie, pensais-je. Et plus je m’approchais, plus la lumière devint vive. J’étais alors persuadé qu’il s’agissait de l’extérieur. Il me fallait l’atteindre, à tout prix. 1042, si proche de mon numéro de place de parking, le 1024, cela ne pouvait pas être une coïncidence.

Plus que quelques mètres, et les lumières sombrèrent dans l’obscurité le temps d’un clignement de paupières avant qu’elles ne se rallument de nouveau. Enfin, éblouit par l’extérieur, j’ouvris les bras pour m’accaparer l’air frais et le soulagement d’être enfin tiré d’affaires.

Étais-je sauf ? »

[…]

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